Sans craindre d’être réducteur, l’on peut considérer qu’en leurs versions bibliques le récit de Noé est avec celui de Adam et Ève[1] le plus partagé entre juifs, chrétiens et musulmans. Concernant ces derniers, leur connaissance de ces deux fameux premiers épisodes de la Genèse constituant le commencement de la Thora et donc de la Bible est entièrement formatée par l’imagerie de ces fameux récits inscrivant les origines de l’Humanité dans le mythologique. Non point que les musulmans aient été et soient de fervents lecteurs de la Thora ou de la Bible, mais tout simplement parce que l’Exégèse islamique a en ses commentaires quasiment introduits à la lettre les textes bibliques ou talmudiques. Relativement au récit de Noé, du Déluge et de l’Arche, nous participons donc tous d’une vision commune.
Quoi qu’il en soit, s’il est un sujet interpellant la raison c’est bien cet illustre récit du Déluge universel et de l’Arche de Noé. Si la foi peut se satisfaire de l’apparence des choses ou plus exactement de leur extraordinaire, la raison ne peut que s’interroger sur la réalité d’un tel Déluge et de l’existence d’un navire capable de transporter tous les couples d’animaux présents sur terre. Or, dès lors que l’on cesse de lire les nombreuses citations coraniques relatant le récit de Noé selon le prisme similaire de l’Islam ou du texte biblique, ceci au coût d’une analyse littérale non-herméneutique, l’examen attentif de ces versets laisse donc apparaître une autre compréhension, une autre vision de cette histoire. Cette version, et c’est là le point capital, permet alors de concilier foi et raison, la première n’étant pas dans l’obligation d’oblitérer la seconde et celle-ci n’ayant pas à rejeter la première. En somme, une conjonction harmonieuse entre foi et raison quant aux significations coraniques littérales, équilibre que nos recherches mettent en évidence depuis nombreuses années. Un état de fait que foi et raison entendent et que nous allons à présent nous attacher à mettre en lumière s’agissant du mythe biblique de Noé versus la lecture rationnelle proposée par le Coran. Cette exploration des subtilités coraniques nous amènera à faire voguer l’Arche de la raison sur l’océan de la foi.
1 – Noé : Mission globale ou locale ?
Autrement formulé, le Déluge a-t-il été universel, la terre a-t-elle été entièrement submergée ou bien ce phénomène ne concerna-t-il qu’une zone géographiquement limitée ?
– Sur ce point, le texte coranique ne présente ni difficulté ni ambiguïté, un exemple : « Nous avons certes envoyé Noé à son peuple. Il dit : Ô mon peuple, adorez Dieu ! Qu’il n’y ait pour vous d’autre divinité que Lui. En vérité, je crains à votre encontre le châtiment d’un jour terrible. », S7.V59. L’on note donc que Noé s’adresse uniquement à son peuple : « Ô mon peuple » et il en est systématiquement de même dans les nombreuses reprises coraniques de l’histoire du prophète Noé, à savoir : S11.V25 ; S23.V23 ; S29.V14 ; S71.V1. Cette insistance est destinée à déconstruire le mythe biblique du Déluge universel que le Coran conçoit donc seulement comme un phénomène local ayant concerné le seul peuple de Noé. En effet, cette narration introduit en la Sourate 7 une série de cinq récits où chaque prophète-messager est envoyé spécifiquement à son peuple et où tous prononcent la même phrase : « Ô mon peuple », chaque récit se terminant par l’anéantissement dudit peuple. Il en est donc de même pour Noé, le déluge qui a anéanti son peuple fut rationnellement circonscrit à la région ou localité où ils résidaient. Autrement dit, pour le Coran le “déluge” du temps de Noé n’était pas universel et nous signalerons qu’une partie des exégètes classique soutenait cette même conclusion.
– Comme de règle lorsqu’il s’agit d’intertextualité, le Coran propose des contre-récits. À cette fin, il déconstruit et rectifie les récits bibliques ou autres et, à l’inverse de ce que fit l’Exégèse, il ne faut donc pas lire et interpréter ce contre-récit coranique en recourant au texte biblique et ses interprétations, qu’elles soient juives ou chrétiennes. L’arrière-fond de la rectification coranique est d’ordre théologique. En effet, le récit biblique indique pour quelle raison Dieu décide d’anéantir l’espèce humaine et toute forme de vie : « L’Eternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal. L’Eternel se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il fut affligé en son cœur. Et l’Éternel dit : J’exterminerai de la face de la terre l’homme que j’ai créé, depuis l’homme jusqu’au bétail, aux reptiles, et aux oiseaux du ciel ; car je me repens de les avoir faits. », Genèse : VI, 5-7. D’une part, quelles que soient les interprétations plus ou moins embarrassées que les biblistes en donnent, le repentir de Dieu est une notion coraniquement inconcevable. Pour le Coran Dieu est Omniscient et Omnipotent, Il ne peut regretter d’une manière ou d’une autre ce qu’Il a créé en toute connaissance de cause pour, qui plus est, recommencer peu ou prou la même chose… D’autre part, cette supposée extermination de masse repose sur une démarche de purification, ici par l’eau, et donc d’impureté, deux concepts qui ne sont pas coraniques,[2] mais qui dans l’esprit ethnique des rédacteurs juifs de cette partie de la Bible faisaient sens. Coraniquement, il n’y a aucune raison pour que Dieu ait eu à recommencer la création des Hommes et de tout ce qui peuple la terre, et aucun verset ne vient contredire cette théologie. Le Déluge ne fut donc pas universel et tout comme, nous le justifierons plus avant, cette catastrophe ayant anéanti le seul peuple de Noé ne fut pas unilatéralement décidée par Dieu afin de les punir pour leurs péchés. Nous voici voguant dès à présent loin des eaux bibliques.
2 – Le Déluge : pluies torrentielles ou catastrophe d’origine tellurique ?
Une information coranique doit ici retenir toute notre attention, nous la citons en son contexte d’insertion : « Or, construisant les bateaux, chaque fois que les grands de son peuple passaient près de lui et s’en moquaient, il répondait : Si vous nous ridiculisez… nous nous raillerons donc de vous tout comme vous vous gaussiez, car vous allez bientôt savoir qui va être atteint du châtiment avilissant et sur qui se déploiera un tourment incessant. Il en fut ainsi jusqu’à ce qu’advint Notre ordre alors que jaillissait le four sous terre… », S11.V38-40. C’est la première phrase du v40 qui présentement nous intéresse : « Il en fut ainsi jusqu’à ce qu’advint Notre ordre alors que jaillissait le four sous terre » et en particulier ce segment a priori très étonnant : « alors que jaillissait le four sous terre » alors que l’on aurait pu s’attendre à un déluge s’abattant du ciel.
– Pour situer le sujet, nous pouvons lire la traduction standard qui formule les choses ainsi : « le four se mit à bouillonner [d’eau] ». Cet énoncé est en soi fidèle à la compréhension de l’Exégèse de la locution fâra at–tannûr qui de manière remarquable est composée de deux hapax, locution que l’on ne retrouve qu’en S23.V27 et à contexte identique. Cependant, si a priori le verbe fâra signifie bouillir s’agissant d’un liquide, le terme tannûr quant à lui signifie four et l’on ne voit pas comment un four pourrait bouillir malgré l’ajout entre crochets du mot [eau]. Obnubilés par le récit biblique du Déluge, les exégètes ont beaucoup spéculé pour parvenir à faire sortir d’un four autant d’eau que nécessaire, laquelle serait alors impérativement bouillante. Leurs sources, oserions-nous dire, sont ici le Talmud de Babylone et le Talmud de Jérusalem selon lesquels le peuple de Noé fut noyé par une eau portée à ébullition. Les plus perspicaces de nos commentateurs affirmèrent alors, sans aucun support étymologique réel, que le mot tannûr désignait la surface de la Terre ou les cataractes du ciel influencés en cela par l’Exégèse biblique du déluge universel. Toutefois, nous l’avons rappelé : l’inondation du temps de Noé est pour le Coran uniquement régionale et ne nécessitait donc pas que toutes les eaux de la Terre et du Ciel soient mobilisées. Du reste, aurions-nous à le préciser, l’on ne peut rationnellement pas envisager que ces quantités d’eau auraient été suffisantes pour recouvrir la surface de la Terre jusqu’au sommet des montagnes… Notons que l’on retrouve une fois encore les traces de ces libres extensions de sens du terme tannûr dans les dictionnaires arabes, mais ce n’est là manifestement qu’un phénomène de réentrées lexicales de nature exégétique.[3] Nous ajouterons que le mot tannûr n’est lexicalement relié à aucune racine arabe ce qui signe son origine étrangère. Or, force est de constater que ce “four bouillonnant” n’existe pas dans le texte biblique, ce qui rend sa présence dans le texte coranique signifiante selon la logique de contre-récit coranique. Ceci étant rappelé, le mot tannûr connaît quinze occurrences dans l’Ancien Testament sous la forme hébraïque tannuwr/תנור avec le sens de four, fournaise, mais dans des contextes sans aucun rapport avec le déluge. Le plus souvent il s’agit d’un four à pain, ex. « Le fleuve fourmillera de grenouilles ; elles monteront, et elles entreront dans ta maison, dans ta chambre à coucher et dans ton lit, dans la maison de tes serviteurs et dans celles de ton peuple, dans tes fours/tannuwr et dans tes pétrins. », Exode : VII, 28. De fait, tannûr en arabe désigne encore de nos jours un modèle particulier de four : un four à pain circulaire profond, mais creusé dans le sol à la différence du furn qui est maçonné au-dessus du sol. La proximité de ce dernier terme avec le latin furnus est nette et suggère que l’emprunt est concomitant à l’emploi tardif de ce type de fours surélevés. Par contre, l’usage du tannûr et son appellation restent très répandus du Moyen-Orient jusqu’à l’Inde et ce terme se retrouve dans la plupart des langues sémitiques, nous lui devons aussi notre athanor, le four des alchimistes. Le tannûr coranique est donc bien l’image d’un four creusé, d’où pour plus d’explicicité notre traduction : « le four sous terre ».
– Ceci amène à réexaminer le verbe fâra en la locution : wa fâra at–tannûr. En dehors du sens bouillir mentionné ci-dessus et que l’on ne peut définitivement pas retenir, le verbe fâra évoque aussi l’idée de palpitation et de jaillissement, jaillir, d’où : « et que jaillissait/fâra le four sous terre/at–tannûr ». De fait, pour désigner ce qui frappa le peuple de Noé, le Coran n’emploie jamais un terme se rapprochant de la notion de déluge, c.-à-d. une grande quantité de pluie, en arabe : haṭl ; wâbil, ces termes étant par ailleurs employés en ce sens dans le Coran. L’on notera que dans l’Ancien Testament le mot traduit par Déluge est l’hébreu mabbûwl dérivant de la racine yabala, équivalent de la racine arabe wabala donnant wâbil que l’on retrouve dans le Coran au sens de pluie forte, averse, mais en un tout autre contexte, voir S2.V264-265. Si donc le Coran avait validé le mythe du Déluge, il aurait disposé du terme adéquat et qui plus est en résonance avec la Bible. Cette absence et la différence qu’elle induit sont donc fortement significatives et cette rigueur lexicale coranique écarte définitivement l’idée que le peuple de Noé aurait été noyé sous le seul effet de pluies diluviennes, que cela fut local ou non. Par contre, pour situer ce qui a atteint ce peuple le Coran utilise la forme verbale de type IV agharaqa : noyer, inonder, submerger, que l’on retrouve uniquement et systématiquement s’agissant de Pharaon et de son armée ainsi que pour toutes les occurrences relatives à ce point précis du récit de Noé, à savoir : S7.V64 ; S10.V73 ; S21.V77 ; S25.V37 ; S26.V120 ; S29.V40 ; S71.V25. Par ailleurs, s’agissant du sort de Pharaon et son armée, la submersion/al–gharaq[4] qui les atteignit est le substantif du verbe aghraqa/submerger et le Coran explique l’évènement par le fait que les eaux en se retirant pour laisser passer Moïse et son peuple formèrent « de part et d’autre comme de hautes dunes », S26.V63. Ce sont donc deux énormes vagues qui submergèrent latéralement le tyran égyptien. Par comparaison, s’il y eut assez d’eau pour que le peuple de Noé soit submergé ce n’était pas des suites de pluies diluviennes, un déluge, mais comme pour Pharaon la conséquence d’un déferlement de « vagues comme des montagnes » comme le confirmera ci-devant le v42. Sachant que le peuple de Noé ne résidait pas en bord de mer comme nous le justifierons à la question 3, ceci écarte l’idée d’un tsunami, mais ce déferlement de vagues quoique soudain pouvait s’apercevoir à l’horizon proche comme l’indiquent les S11.V42-43.
– Nous avons donc pu constater l’existence d’un champ sémantique coranique cohérent proposant une version des évènements ne correspondant absolument pas à la version biblique. Au cœur de ce dispositif narratif siège la remarquable locution wa fâra at–tannûr : « et/wa que jaillissait/fâra le four sous terre/at–tannûr », et comme nous l’avons montré, pas plus que de l’eau ne put jaillir de ce four, il ne peut à présent en surgir d’énormes vagues. À l’aune de ces données convergentes, il apparaît que le peuple de Noé ne fut pas submergé par l’eau du ciel, mais par une énorme quantité d’eau déferlant soudainement sur la terre. L’on doit donc repenser littéralement la locution « et/wa que jaillissait/fâra le four sous terre/at–tannûr » et la rapprocher du fait que lorsqu’une faille tellurique entre en activité elle produit de grandes quantités de magma qui en jaillissent. Le « four sous terre », si inattendu et inadéquat lorsque l’on veut se calquer sur le déluge biblique, fait alors parfaitement sens dans la logique des faits coraniques compris pour eux-mêmes et en eux-mêmes : l’image d’une éruption volcanique probablement sous-marine ou de l’élargissement magmatique d’une faille préexistante. À ce stade, nous pouvons revenir sur l’étymologie du terme-clef tannûr puisque sa présence dans l’ensemble des langues sémitiques suggère une origine commune et peut être ainsi rapprochée du phénicien âttunâ signifiant fournaise. À partir de l’ensemble des éléments que nous avons mis en évidence, nous émettrons donc une hypothèse : cet évènement correspondrait à la formation de la mer Noire il y a environ 7000 ans. Ceci s’appuie sur des études relativement récentes qui mettent en évidence que la formation de la mer Noire résulte du massif et brutal déversement des eaux de la Méditerranée vers un bassin oriental après rupture de la bande de terre que constituait à cette époque l’actuel détroit du Bosphore. Le Coran préciserait donc que ce basculement des eaux fut rendu possible par la rupture d’origine volcanique sous-marine de l’isthme du Bosphore, lequel on le sait est appuyé à la faille sismique Nord-Anatolienne encore active de nos jours. Même si la thèse géologique susmentionnée est parfois remise en question, nous tenons à préciser que les arguments avancés tiennent plus d’un arrière-fond de controverses bibliques que de démonstrations scientifiques probantes. Quoi qu’il en soit, telle semble bien être la thèse coranique.
– L’on observe alors que selon le Coran le phénomène qui a submergé le peuple de Noé n’est pas d’origine sur-naturelle, une action divine directe, mais la conséquence d’un phénomène naturel. En effet, il est dit en notre v40 : « jusqu’à ce qu’advint/idhâ jâ’a Notre ordre/amr et/wa que jaillit/fâra le four sous terre/at–tannûr ». Si la conséquence de l’ordre de Dieu avait été ledit “jaillissement du four”, l’éruption sous-marine correspondante, les deux propositions de cette phrase auraient dû être coordonnées par la préposition corrélative « fa/puis » et non par un simple conjonctif « et/wa » que pour l’accord des temps et l’ordre de succession nous traduisons par « alors/wa que », d’où : « jusqu’à ce qu’advint Notre ordre alors/wa que jaillissait le four sous terre ». L’entrée en activité du « four sous terre » n’est donc pas le résultat de l’ordre de Dieu, mais, à l’inverse, l’ordre de Dieu correspond à Sa décision de ne pas arrêter cette éruption sous-marine dont en Sa Science Il sait l’immédiate survenue et que par Sa Toute-puissance Il pourrait interrompre. Dieu ne décida pas arbitrairement de détruire le peuple de Noé, mais celui-ci était à son insu menacé par cette catastrophe. Alors, en Sa Miséricorde, Dieu leur missionna Noé pour les prémunir contre ce cataclysme et les informer que s’ils adhéraient au message monothéiste et acceptaient de réformer leurs comportements alors Dieu les sauverait : « si les habitants des Cités avaient cru et craint pieusement, Nous aurions déversé sur eux des bénédictions du Ciel et de la Terre », S7.V96. Le pluriel « Cités » indique que toutes s’étaient trouvées dans la même situation et, effectivement, les peuples de Ṣalîḥ et de Shu‘ayb furent exposés au risque d’un tremblement de terre majeur, par exemple aux v67 et v94 de cette Sourate 11, le peuple de Loth à celui d’une éruption volcanique, S15.V74, et pour le peuple de Hûd il s’agissait d’un ouragan, S51.V41. Ce n’est donc pas Dieu qui souhaita détruire ces peuples sous prétexte qu’ils réfutèrent et rejetèrent Ses prophètes-messagers, mais ce sont eux qui par leur déni refusèrent la Miséricorde de Dieu qui pouvait en ces circonstances les sauver. La Miséricorde de Dieu consistant concrètement à neutraliser ces phénomènes naturels fut donc proposée aux cinq Cités. Théologiquement, ce n’est point Dieu qui voulut détruire ces peuples, mais eux-mêmes qui s’exposèrent à l’être, il est dit à leur sujet : « Dieu n’avait point à les léser, mais ce sont eux qui se firent du tort à eux-mêmes. », S9.V70. Nous sommes ici au cœur de la thématique de la Sourate 11 puisque le parallèle suivant est évident : le refus de la Miséricorde divine en ces situations eut pour conséquence des châtiments ici-bas tout comme le refus de la Miséricorde divine en déniant la foi et commettant le mal aura le Châtiment dans l’Au-delà. Dieu ne cesse en Sa Miséricorde d’appeler l’Humanité à la foi et au bien, Il « est Tout de grâce envers les Hommes, mais la plupart des Hommes ne remercient point »,et dénient Ses messages : S2.V243. Nous sommes là bien loin du Dieu irrité et destructeur présenté par la Bible, image malheureusement relayée par nos commentateurs en leur suivisme de leurs prédécesseurs.
– La suite de notre verset référent nous enseigne aussi qu’entre le début de cette éruption et l’effondrement de l’isthme terrestre du Bosphore un certain délai a existé puisqu’il est dit « Nous dîmes
[c.-à-d. inspirâmes à Noé]
: « Charge tout à leurs bords, toutes choses allant par paire, par deux… » et ce n’est qu’au v43 que chronologiquement les immenses vagues provenant du déversement des eaux méditerranéennes parvinrent au lieu où vivait le peuple de Noé et le submergèrent. Nous savons donc à présent que le Coran réfute le mythe du déluge universel et offre la vision d’une submersion aussi soudaine que cataclysmique du seul peuple de Noé qui fort vraisemblablement vivait sur une partie de ce qui était alors l’immense territoire représenté à l’heure actuelle par la mer Noire. Selon la chronologie biblique, Noé aurait vécu il y a 4500 ans et non pas il y a 7000 ans, datation de cette catastrophe naturelle exceptionnelle, mais en dehors des désaccords entre spécialistes, l’on ne peut accorder aucun crédit sérieux à l’écriture mytho-historique de l’Histoire selon l’Ancien Testament. Cependant, quelques éléments coraniques permettent de vérifier si la date supposée de cet évènement géologique est compatible avec l’époque de Noé. Tout d’abord nous retiendrons qu’en S71.V11-12 il apparaît que le peuple de Noé vivait de l’agriculture dans une zone plus ou moins aride et qu’elle était encore semi-nomade au v20 de cette même sourate. Ce statut mixte était très fréquent il y a 7000 ans, c.-à-d. lors des premiers millénaires de l’invention de l’agriculture dans cette région du monde. Nous allons voir au point suivant d’autres indications coraniques confirmant cette datation.
3 – L’Arche de Noé : un navire ou plusieurs bateaux ?
Nous pouvons prendre comme versets référents les suivants : « Il fut inspiré[5] à Noé : « De ton peuple, nul ne croira plus si ce n’est ceux qui jusqu’à présent ont cru. Donc, ne te désespère pas de ce qu’ils ont fait [36] et construit les bateaux/al–fulk sous Notre regard selon Notre inspiration. Ne t’adresse plus à Moi au sujet de ceux qui ont été iniques, ils seront submergés. », S11.V36-37.
– La particularité du terme fulk, qui n’a jamais signifié Arche, nous y reviendrons, est de désigner à l’origine tout type de navires et, surtout, d’être aussi bien un singulier qu’un pluriel, ce qui explique linguistiquement que nous l’ayons traduit par « bateaux » au pluriel. Cependant, ce choix pourrait être purement arbitraire et nous allons montrer qu’il découle en réalité d’indications coraniques. En effet, bien que l’inducteur cognitif du récit de “l’Arche de Noé” impose à nos esprits la “vision” d’un seul très grand navire, il se trouve que le Coran en S54.V13 donne une indication sur la technique de construction employée au temps de Noé qui utilisa à cette fin des « plaques/alwâḥ » et de « l’étoupe/dusur ». Or, le Coran étant aussi avare en détails que la Bible est prolixe en la matière, laquelle nous livre ici les cotations détaillées de l’Arche de Noé, plan digne d’un chantier naval, l’hapax dusur en est donc plus encore significatif. Ce terme désigne soit le clou soit l’étoupe servant à calfater les navires. Toutefois, l’invention du clou date d’environ 2500 ans et cet anachronisme n’est pas recevable du point de vue de la période supposée où vécut Noé comme nous l’avons vu au point précédent. Par contre, le calfatage à l’étoupe est une technique vieille d’environ 7000 ans. Ce procédé réalisait l’étanchéité des planches dites de bordées, mais en ces temps reculés l’on utilisait surtout des plaques autre sens du pluriel alwâḥ. Le Coran indique donc ainsi que Noé construisit conformément à une technique vieille d’au moins 7000 ans un modèle de bateau « fait de plaques et d’étoupes » et nous avons vu au chapitre précédent que cette datation correspond aussi à la catastrophe tellurique ayant formé le détroit du Bosphore dont les conséquences submergèrent le peuple de Noé. Toutefois, ce procédé ancien de construction ne permettait pas de construire de gros navires, mais des bateaux de faible tonnage et un seul de ces petits navires n’aurait pu raisonnablement contenir Noé, sa famille et ceux qui avaient cru, plus le chargement nécessaire à leur survie. Il est donc cohérent de supposer que Noé et ses fidèles construisirent plusieurs embarcations, d’où le choix coranique du terme al–fulk qui peut s’entendre au pluriel : « les bateaux ». Ce constat éloigne définitivement le mythe de l’Arche de Noé, navire aussi immense qu’improbable. Cette compréhension est de même en cohérence avec le fait que pour le Coran il n’y eut pas de déluge universel et qu’il n’était donc pas nécessaire de sauver toutes les espèces animales de la planète sur une gigantesque ménagerie flottante. Le Coran n’est pas monté à bord du récit mythique irrationnel biblique dont les auteurs ignoraient selon leur propre classification : mammifères, oiseaux, reptiles, que cela représentait au minimum 22.000 espèces à embarquer, espèces qui auraient dû converger de toute la Terre vers le pays de Noé et nombre à multiplier par deux puisque seraient montés à bord un mâle et une femelle de chaque espèce… Nous allons résoudre cette problématique à la question 4. Ceci étant, selon le Coran ces constructions navales semblèrent incongrues aux yeux de ses concitoyens puisqu’il est dit à ce sujet que « chaque fois que les grands de son peuple passaient près de lui [ils] s’en moquaient », S11.V38. Nous déduisons de cette information que le peuple de Noé ne vivait pas au bord de la mer.
– Si en toutes les variantes coraniques du récit de Noé il est uniquement employé le terme fulk au sens de « bateaux » un verset semblerait faire exception : « Nous le sauvâmes donc [Noé] ainsi que les compagnons des navires/safîna et en fîmes un signe pour les Hommes. », S29.V15. C’est très souvent ici qu’apparaît dans les traductions le mot Arche mis pour le terme safîna. Le sens du terme safîna est pourtant parfaitement établi : navire, et dans les deux seules autres occurrences coraniques de ce terme c’est indiscutablement la signification qu’il revêt, cf. S18.V71 et 79. Il est donc lexicalement erroné de traduire présentement safîna par Arche, sauf à vouloir naviguer sur les mythes bibliques. Néanmoins, comme nous venons de le constater, le Coran déconstruit le récit biblique et évoque de manière rationnelle la présence de plusieurs bateaux de petite taille sur lesquels embarquèrent Noé et sa famille ainsi que ceux de son peuple qui avaient cru en lui. Rappelons que dans la Bible seul Noé et sa famille montent à bord d’un unique bateau, l’Arche, le reste de la place étant supposé réservé à l’amoncellement d’un couple de chaque espèce animale… Ceci étant, si donc safîna valait ici pour navire/Arche au singulier, le Coran se contredirait, ce qui nous conduit à comprendre ce propos coranique avec plus de rigueur qu’il n’est coutume tant en exégèse qu’en traduction. Premièrement, nous signalerons que dans la Bible le mot hébreu signifiant arche est tébah, terme qui désigne l’Arche de Noé, ex. Genèse 6 : 14, mais aussi le couffin de Moïse, Exode II : 3 et 5. Or, ce terme était entré de longue date en arabe par le guèze tâbôt/coffre et nous le retrouvons en S20.V39 sous la forme tâbût désignant le couffin de Moïse tout comme le terme tébah est employé dans la bible hébraïque pour désigner ledit couffin. Ainsi, si le Coran avait dû parler de l’Arche, il aurait utilisé le terme tâbût, mais ce n’est manifestement pas le cas. Par conséquent, s’il est employé le mot safîna c’est que le Coran reste sur sa logique déconstructive et n’aborde pas la question de l’Arche de Noé en tant que vaisseau unique, mais bien comme nous allons le constater en faisant référence à plusieurs bateaux ailleurs désignés par le terme fulk comme mentionné précédemment. Noé est donc cité comme étant au nombre des compagnons/aṣḥâb de navire/as–safîna et c’est la présence apparente du mot navire/safîna au singulier qui a permis à nos exégètes de mettre à flot leur Arche de Noé. Cependant, tel qu’employé en annexion avec le pluriel « aṣḥâb/compagnons », le terme safîna vaut ici syntaxiquement pour un pluriel : « navires ». En effet, en ce type fréquent de locutions arabes construites en annexion avec le terme ṣâḥib, au pluriel aṣḥâb, mot servant alors de déterminant avec pour sens possesseur de, maître de, gens de, compagnon de, l’emploi au pluriel du premier terme n’implique pas que le deuxième terme soit aussi au pluriel. Les dictionnaires fournissent l’exemple de la locution en annexion ṣâḥib as–safîna au sens de capitaine de vaisseau qui au pluriel se dit aṣḥâb as–safîna/les capitaines de vaisseau. Tout comme en français du reste, le maintien du singulier pour vaisseau/safîna est correct puisqu’il indique que chacun des capitaines a pour fonction d’être capitaine d’un vaisseau, ce qui pour plusieurs capitaines suppose donc la mention et l’existence de plusieurs vaisseaux. Est ainsi justifiée notre traduction : « les compagnons des navires/aṣḥâb as–safîna » qui en précisant le pluriel pour vaisseaux permet de comprendre directement que de manière cohérente le Coran n’évoque pas ici l’unique Arche, mais encore une fois la présence de plusieurs bateaux/fulk ou embarcations en conformité donc avec les autres mentions coraniques de cet épisode.
4 – Comment Noé a-t-il pu embarquer un couple de toute espèce animale ?
– La réponse est simple : il ne le put pas, car même une Arche de dimensions bibliques n’aurait pas permis de réussir une telle entreprise. Comme nous l’avons indiqué ci-dessus, 44.000 animaux de toutes espèce, au minimum, n’auraient pu être embarqués. Cependant, si nous reprenons notre verset référent, nous lisons selon notre traduction littérale l’énoncé suivant : « charge tout à leurs bords, toutes choses allant par paire, par deux, ainsi que ta famille – sauf celui contre qui a prévalu la sentence – et quiconque a cru. », S11.V40. Le segment qui présentement doit retenir notre attention est : « charge tout à leurs bords, toutes choses allant par paire, par deux », énoncé que nous justifierons point par point et qu’il est aisé de mettre en comparaison avec celui de la traduction standard[6] : « Charge [dans l’Arche] un couple de chaque espèce ». Comme on peut le voir, le Coran est mis ici en adéquation avec le récit biblique et l’ajout du mot Arche entre crochets facilite ce transfert pour le lecteur. En cela cette traduction reproduit l’Exégèse classique laquelle superpose au texte coranique le mythe biblique que pourtant le Coran déconstruit de manière explicite comme nous l’avons constaté jusqu’à présent. La Bible le répète d’une manière ou d’une autre à cinq reprises : « de tout ce qui vit, de toute chair, tu feras entrer dans l’Arche deux de chaque espèce, pour les conserver en vie avec toi, ce sera un mâle et une femelle. », Genèse, le Déluge : VI, 19.
Toutefois, nous venons d’établir que selon le Coran il n’y eut pas de déluge universel et que seul le peuple de Noé fut submergé par un cataclysme d’origine naturelle : le déversement soudain des eaux de la Méditerranée sur le versant oriental de l’isthme du Bosphore qui venait de se rompre sous l’effet d’un mouvement tectonique d’origine volcanique sous-marin. En conséquence, il n’y avait aucune raison de vouloir sauver l’ensemble des espèces vivantes peuplant la Terre, mesure dont l’extravagance est qui plus est rationnellement évidente. Or, en arabe le segment que nous venons de donner selon la traduction standard est le suivant : iḥmil fî-hâ min kulli zawjayn ithnayn et nous savons à présent que ne peut pas être reproduite ici la scène de l’embarquement de l’immense animalerie biblique. En ces conditions, si l’impératif iḥmil fî-hâ signifie de manière univoque « charge à leurs bords », c.-à-d. sur les différentes embarcations que Noé et ses fidèles venaient de construire, le syntagme min kulli zawjayn ithnayn nécessite quelques explications. Le terme zawjayn est le cas duel du singulier zawj dont la signification première est : ce qui fait partie d’une paire ou d’un couple, que chaque élément soit identique ou différent, ce qui explique que zawj soit aussi bien masculin que féminin, l’exemple le plus connu étant époux et épouse, les deux pouvant se dire zawj, d’où pour le duel zawjayn notre : « toutes choses allant par paire ». Puisqu’il est précisé dans l’ordre de l’énoncé de ce v40 qu’ensuite Noé doit faire monter à bord sa « famille » ainsi que « quiconque a cru » les choses appariées en question ne sont donc pas des couples d’humains. Il ne s’agit pas non plus d’embarquer des couples d’animaux domestiques puisque comme nous l’avons vu précédemment le faible tonnage des bateaux construit selon la technique indiquée par le Coran lui-même ne le permettait pas. De plus, cela sous-entendrait l’idée de la sauvegarde de ces espèces, lesdits couples devant en assurer la future reproduction. Or, puisque pour le Coran il n’y a pas eu d’anéantissement universel de la vie, une telle précaution ne fait absolument pas sens. Nous en déduisons que ces « choses allant par paire » sont purement matérielles : tout ce qui est utile au voyage : vivres et eau principalement. Or, le chargement de toute embarcation nécessite d’équilibrer soigneusement le poids et les volumes, et ce plus encore sur des bateaux de faible taille. Il est donc conseillé à Noé de répartir deux à deux, « par deux/ithnayn », les contenants de même taille et de même masse afin que le chargement soit le plus équilibré possible sachant que le déferlement prévu exige une grande stabilité pour assurer un tangage et un roulage faible garantissant que ces bateaux ne chavireront pas, d’où : « charge tout à leurs bords, toutes choses allant par paire, par deux », conseil prudent pour une aussi périlleuse situation. Signalons qu’en raison de ce qui précède nous n’avons pas suivi la variante de récitation de la recension Ḥafṣ, à savoir : min kullin, mais la variante min kulli, littéralement : de tout. En effet, en fonction du sens premier du duel zawjayn : « toutes choses allant par paire », la variante min kullin est un doublon inutile alors que la lecture min kulli/de tout reste cohérente et informative, d’où notre traduction en fonction de la syntaxe française :« charge tout/min kulli à leurs bords ». Notons que la variante min kullin était destinée à modifier globalement le sens et qu’elle permettait alors de supposer que zawjayn pût être compris au sens d’espèces comme en témoigne la traduction standard citée ci-dessus : « un couple de chaque espèce ». Aussi, alors que le Coran décrit une situation concrète et réaliste, l’équilibrage du chargement, l’Exégèse en concevant cette discrète modification textuelle[7] renvoie le texte coranique au récit biblique mettant ainsi en scène la montée à bord de l’Arche de Noé d’un couple de chaque espèce animale, festival animalier dont nous avons démontré le non-sens du point de vue rationnel coranique. Cette analyse maintient la cohérence rationnelle du contre-récit coranique face à la totale irrationalité du mythe biblique du déluge universel.
Synthèse
Nous l’aurons donc constaté, l’ensemble des données mises en évidence par une analyse littérale intratextuelle découplée de la version mythologique biblique et islamique concourt à un récit des évènements rationnellement concevable et historiquement cohérent. Lorsque Dieu décida que Noé était resté suffisamment longtemps en mission auprès de son peuple, il ordonna à Noé de construire plusieurs embarcations afin d’être sauvé lui, les siens et les croyants qui avaient cru en lui. Du fait que Dieu savait que nulle personne supplémentaire ne croirait au message de Noé, S11.V36, Il décréta l’heure de l’anéantissement des restants : « [alors] advint Notre ordre » sachant en Sa science que l’activité du phénomène géologique, le « four sous terre », était à présent en mesure de détruire l’isthme du Bosphore, c’est dire qu’Il prit la décision de laisser parvenir à son terme ce processus géologique. En conséquence, les eaux de la mer méditerranée déferlèrent en un énorme flot de « vagues comme des montagnes », S11.V42, vers le territoire de Noé et c’est ainsi que Dieu dit : « Nous submergeâmes ceux qui avaient réfuté Nos signes », S7.V64, c.-à-d. comme nous l’avons théologiquement explicité ceux qui avaient refusé la Miséricorde de Dieu représentée par l’avertissement de Noé à son peuple.
Conclusion
Au final, la version coranique diffère complètement du mythe biblique du Déluge dont elle propose une revisite critique permettant une compréhension parfaitement rationnelle des évènements. Outre que le Coran comme à son habitude déconstruit le merveilleux et le légendaire pour appeler l’Homme à marier foi et raison, le mobile évoqué justifiant la destruction du peuple de Noé est spécifiquement coranique et on le retrouve dans les récits des Cités ou de Pharaon : leur anéantissement est une réalité, mais aussi un exemple paradigmatique incitant l’Homme à réfléchir sur les conséquences du déni de Foi, de l’impiété, de la déviance et de l’obstination face aux messages monothéistes réitérés de Dieu. Non pas que l’Homme s’en trouve physiquement menacé, mais qu’un tel comportement mène à la ruine spirituelle de l’âme tout comme à l’aveuglement intellectuel, à la submersion de l’être noyé dans ses propres certitudes. Sourd, aveugle, muet, il ne pourra se sauver du Châtiment auquel il se destine.
Dr al Ajamî
[1] Concernant la déconstruction coranique du mythe de Adam et Ève, cf. Adam et l’Homme selon le Coran et en Islam.
[2] Sur ce point, cf. L’Impureté et l’impureté des femmes selon le Coran et en Islam.
[3] Sur ce point, cf. notre étude méthodologique : Les réentrées lexicales.
[4] « al–gharaq », il s’agit d’un hapax se trouvant en S10.V90.
[5] La structure sémantique de ce verset indique que Noé reçoit ici une inspiration/waḥî divine et non une révélation. Nos guillemets soulignent toujours un discours indirect, et tel est bien le cas s’agissant des inspirations. Pour les différentes significations du verbe awḥâ dans le Coran, voir Inspiration et Révélation selon le Coran. Notons que ceci est confirmé au v37 puisqu’il est dit : « construis les bateaux sous Notre regard selon Notre inspiration/waḥî ». Cela ne signifie pas que Dieu inspire à Noé les plans de construction, mais seulement qu’Il lui inspire de construire des bateaux. Rappelons que dans la Bible l’on n’a pas hésité à donner le plan coté précis de l’Arche… nos exégètes n’ont pas non plus hésité à s’en emparer en modifiant du reste les dimensions…
[6] Il s’agit de la traduction, en plus de trente langues, financée par l’Arabie saoudite et de fait de la plus répandue dans le monde. Elle a pour particularité avouée en son introduction d’avoir mis le sens des versets en conformité avec une Exégèse standardisée conforme aux opinions wahhabites en la matière.
[7] En notre étude consacrée à ce type d’intervention : Variantes de récitation ou qirâ’ât, nous avons montré que ce procédé relève de la catégorie des variantes exégétiques, c.-à-d. ne résultant pas des aléas de la transmission orale, mais d’une volonté exégétique humaine.