Ce qui distingue à l’évidence le Coran des autres Écrits sacrés est l’importance toute particulière qu’il accorde au devenir de l’Homme en l’Au-delà. La vie d’ici-bas ne fait réellement sens qu’en vertu de cette perspective et le Coran articule avec rigueur le bien et le mal que les hommes accomplissent en ce bas-monde avec leur récompense en l’Autre-Monde. Ceci ne concerne pas que les croyants, mais l’Humanité dans son ensemble dont la finalité est donc, sous cet angle, unique. Cette téléologie coranique nous a amenés à analyser les très nombreux versets traitant de manière détaillée du Paradis et de l’Enfer[1] et, plus essentiellement, de la philosophie, de l’éthique et des actes qui conduisent à l’un ou à l’autre.
– Si nous avons montré que les descriptions du Paradis et de l’Enfer sont en réalité textuellement des allégories, il n’en demeure pas moins que le système ainsi postulé et présenté par le Coran repose sur une conception binaire du Monde et de l’Homme : ici-bas, la foi et la non-foi, le bien et le mal et, en l’Autre-vie, le Paradis et l’Enfer. Cette dualité suppose donc qu’il n’y ait pas d’autre alternative alors même que les théologiens ont développé des conceptions plus nuancées. Selon eux, l’on doit distinguer des états intermédiaires entre la foi et la non-foi, les différents niveaux de sincérité ou d’hypocrisie, mais aussi entre le bien et le mal, rares étant les hommes qui ne commettraient que du bien ou du mal. Ces réflexions ont donc incité à supposer que du fait même de la symétrie de construction du Coran il devait exister un équivalent intermédiaire en l’Au-delà, à avoir : le Purgatoire. Cependant, cette conception est en réalité mue par une intention plus profonde. En effet, pour l’Islam comme pour le judaïsme et le christianisme le Salut de l’âme est exclusif : n’entrera au Paradis que celui qui appartient à la vraie religion, chacune de ces religions prétendant à ce titre exclure les deux autres du Paradis et, par contrecoup, condamner à l’Enfer tous leurs adeptes. Si cette altérité négative est le fondement même des religions, il en découla logiquement que pour chacune de ces théologies leurs croyants ne pouvaient au final qu’entrer au Paradis puisque leur foi avait alors vertu salvifique, celle des autres ne pouvant conséquemment que mener à l’Enfer. Il a donc été conçu par chacune de ces trois religions qu’il devait exister en l’autre-Monde un lieu intermédiaire entre les délices du Paradis et les supplices de l’Enfer afin que le croyant soit purifié de ses fautes et obtienne ainsi l’accès au Paradis garanti par sa religion. Telle est la fonction du Purgatoire, avec des nuances pratiques selon les religions concernées. Or, il semble a priori assez délicat de faire surgir du Coran le Purgatoire, car, nous l’avons souligné, le texte coranique ne présente qu’une conception binaire de l’Au-delà : le Paradis ou l’Enfer. Nous ajouterons que cette conception coranique est cohérente puisque, en opposition avec les théologies juive, chrétienne et musulmane, le Coran propose une théorie du Salut inclusive : quelle que soit la religion, le Paradis ou l’Enfer sont uniquement attribués en fonction de deux critères : foi et non-foi, bien-agir ou mal-agir, voir : Le Salut universel selon le Coran et en Islam.
• Que dit l’Islam
– En fonction des rationnements théologiques que nous avons ci-dessus évoqués, pour l’Islam les musulmans doivent in fine tous entrer au Paradis. Or, comme nul ne pouvait contester que le Coran répète explicitement que l’entrée en Enfer est définitive, ex. : « …Et quiconque désobéit à Allah et à Son Messager aura le feu de l’Enfer pour y demeurer éternellement », traduction standard de S72.V23, il fallut donc imaginer un procédé exégétique permettant au pécheur musulman de ne point y entrer. Pour parvenir à cet objectif, il fut mis en jeu un double dispositif : l’intercession et le Purgatoire. Nous consacrons à l’intercession un article dédié tant l’Exégèse a déployé de surinterprétations : L’Intercession selon le Coran et en Islam. L’analyse littérale des versets-clefs y démontre que le Coran s’oppose à ce concept, ne serait-ce qu’au nom de la responsabilité pleine et entière de chaque être humain en la perspective du Jour du Jugement, ex. : « Ô les croyants ! Dépenser de ce que Nous vous avons attribué, avant que vienne le jour où il n’y aura ni rançon ni amitié ni intercession. Et ce sont les mécréants qui sont les injustes. », S2.V254, traduction standard.
– L’Islam conçoit donc le Purgatoire comme un lieu où les pécheurs musulmans séjourneront temporairement en attendant d’être purifiés de leurs fautes et ainsi accéder au Paradis et ceci concerne ceux dont les bonnes actions et les mauvaises sont équivalentes à la pesée ou ceux qui auront commis moins de bien que de mal. L’exégèse jeta donc son dévolu sur le célèbre passage coranique dit de al–A‘râf dont voici la traduction standard : « Les gens du Paradis crieront aux gens du Feu : « Certes, nous avons trouvé vrai ce que notre Seigneur nous avait promis. Avez-vous aussi trouvé vrai ce que notre Seigneur avait promis ? » « Oui », diront-ils. Un héraut annoncera alors au milieu d’eux : Que la malédiction d’Allah soit sur les injustes, qui obstruaient le sentier d’Allah, qui voulaient le rendre tortueux, et qui ne croyaient pas à l’au-delà. » Et entre les deux, il y aura un mur, et, sur al-A‘râf seront des gens qui reconnaîtront tout le monde par leurs traits caractéristiques. Et ils crieront aux gens du Paradis : « Paix sur vous ! » Ils n’y sont pas entrés bien qu’ils le souhaitent. Et quand leurs regards seront tournés vers les gens du Feu, ils diront : « Ô notre Seigneur ! Ne nous mets pas avec le peuple injuste. » Et les gens d’al-A‘râf, appelant certains hommes qu’ils reconnaîtront par leurs traits caractéristiques, diront : Vous n’avez tiré aucun profit de tout ce que vous aviez amassé et de l’orgueil dont vous étiez enflés ! Est-ce donc ceux-là au sujet desquels vous juriez qu’ils n’obtiendront de la part d’Allah aucune miséricorde… ? – Entrez au Paradis ! Vous serez à l’abri de toute crainte et vous ne serez point affligés. Et les gens du Feu crieront aux gens du Paradis : « Déversez sur nous de l’eau, ou de ce qu’Allah vous a attribué. » « Ils répondront : Allah les a interdits aux mécréants ». », S7.V44-50. Tel que rendu par la traduction standard ce passage est difficile à comprendre et il est délicat d’identifier les différents intervenants des dialogues, cette imprécision résulte en réalité de l’interprétation fortement spéculative de ce passage célèbre. Il a donc été possible pour les exégètes de supposer que al–a‘râf, v46, était un lieu situé entre l’Enfer et le Paradis puisque ses occupants : « les gens d’al-A‘râf », v48, s’adresseraient alternativement aux hôtes du Paradis et de l’Enfer, craignant l’un et espérant l’autre. Telle est la vision classique de cette saisissante scène coranique. L’Exégèse a donc conclu de sa propre interprétation que le lieu dit al–a‘râf était le Purgatoire des musulmans qui les purifierait et les ferait finalement entrer au Paradis. Signalons que si les théologiens musulmans se sont inspirés d’une pré-notion chrétienne quant au Purgatoire, en retour la forme catholique du Purgatoire a été construite à partir des développements islamiques.
– L’interprétation forcée de cet unique passage fait donc intervenir quatre éléments : 1- un (re)jugement ; 2- l’existence d’un troisième groupe ; 3- une purification dans l’Au-delà ; 4- un Au-delà constitué de trois parties : Le Paradis, al A‘râf/Purgatoire, l’Enfer. Or, le Coran le répète des dizaines de fois : 1- il n’y a qu’un seul jugement : 2- seuls deux groupes sont établis par le Jugement dernier [hôtes du Paradis et hôtes de l’Enfer] ; 3- ce n’est que sur Terre que nous pouvons purifier nos actes par les bonnes actions et le repentir ; 4- l’Au-delà n’est constitué que du Paradis et de l’Enfer. À partir de ce simple constat, l’interprétation exégétique classique semble bien difficile à valider. De fait, et comme de règle lorsque le texte coranique avoue difficilement ce que l’on veut lui faire dire, il a été fourni de nombreux hadîths affirmant clairement de l’existence et de la fonction du Purgatoire.
• Que dit le Coran
Étant entendu que selon le Coran la notion de Purgatoire est à exclure, il convient donc à présent de déterminer le sens littéral de ce fameux passage, en voici donc dans un premier temps notre traduction littérale : « Nous ôterons de leurs cœurs tout ressentiment, couleront à leur pied les ruisseaux, et ils diront : Louange à Dieu qui Nous a conduits ici. Nous n’aurions pu nous y diriger sans que Dieu ne nous ait guidés. Certes, les messagers de notre Seigneur étaient venus avec la vérité ! Il sera alors proclamé : Ce Paradis vous a été donné en héritage en raison de ce que vous avez œuvré. [43] Les hôtes du Paradis interpelleront les hôtes du Feu : N’avons-nous pas trouvé vrai ce que nous avait promis notre Seigneur et trouvez-vous vrai ce que votre Seigneur vous avait promis ? Ils répondront : Oui, certes ! Alors, un crieur hurlera au milieu d’eux : Que la réprobation de Dieu soit sur les injustes, [44] ceux qui obstruaient le chemin de Dieu en le rendant tortueux, et qui de l’Au-delà étaient dénégateurs ! [45] Entre eux deux, un obstacle/ḥijâb, et sur les hauteurs/al–a‘râf, des “êtres implacables”/rijâl qui reconnaîtront chacun à sa marque distinctive. Ils s’adresseront aux hôtes du Paradis : Que la paix soit avec vous… eux, ils n’y entreront pas, bien qu’ils le désirent. [46] Et quand leurs regards se tourneront vers les hôtes du Feu, ils diront : Seigneur ! Ne nous mets pas avec les gens injustes ! [47] Et ceux qui sont sur les hauteurs/al–a‘râf interpelleront des gens qu’ils reconnaîtront à leur marque distinctive, disant : Ne vous ont été d’aucun profit vos richesses ni ce dont vous vous enorgueillissiez. [48] Sont-ce là ceux dont vous juriez que Dieu ne leur accorderait aucune miséricorde ?… – Entrez, vous autres, au Paradis, nulle crainte pour vous et vous ne serez point attristés ! [49] Les hôtes du Feu héleront les hôtes du Paradis : Versez-nous de l’eau ou de ce que Dieu vous a attribué ! Ils répondront : Vraiment, Dieu les a interdits aux dénégateurs… », S7.V43-50.
C’est en partie le fait que ce passage semble en apparence fournir la seule description eschatologique coranique de ce type qui permit à l’Exégèse d’y ouvrir les espaces interprétatifs nécessaires au surgissement du Purgatoire, ici alors identifié au prétendument mystérieux al–a‘râf. En ce type de situation textuelle, plutôt que de spéculer à nouveau, il convient du point de vue de l’analyse littérale de rechercher dans le Coran des éléments complémentaires permettant d’éclairer ledit propos. Ainsi, constatons-nous un lien intratextuel fort avec S39.V67-75. La description eschatologique qu’offre ces versets est saisissante et fort semblable à celle de notre passage de la Sourate 7 et elle montre qu’après que le Jugement a été rendu, v70, la masse grouillante des Hommes sera menée par troupes, troupeaux/zumar, les uns aux portes du Paradis, les autres aux portes de l’Enfer, vs71-74, et ils sont alors interpellés par les Gardiens/khazana de ces deux lieux. Par ailleurs, le Coran nous informe que ces Gardiens sont des Anges : S21.V103 et S13.V23-24 s’agissant d’Anges gardant le Paradis et S66.V6 et 74.V26-30 s’agissant d’Anges gardant l’Enfer. L’intratextualité est aussi confirmée par le fait que de manière remarquable ces Anges tiennent en S39.V67-75 des propos que l’on retrouve quasi mot à mot dans le passage que nous analysons, nous y reviendrons plus avant.
Ensuite, nous observons que puisqu’il est dit aux vs46 et 48 que les « les gens d’al-A‘râf », traduction standard, reconnaissent les hôtes du Paradis et ceux de l’Enfer à leur « marque distinctive », c’est donc bien que lesdits hôtes n’y sont pas encore entrés. En conséquence, nous nous situons en un temps de récit juste antérieur à celui décrit en S39.V67-75, c.-à-d. au moment où les deux troupes à présent jugées, les élus et les damnés, vont être séparées. Ceci nous permet à présent de comprendre la signification du mot-clef ḥijâb, v46. En effet, celui-ci désigne à l’origine ce qui s’interpose entre deux choses ou personnes masquant ainsi la vue, d’où les sens classiques : obstacle, barrière, montagne, dune, cloison, mur, voile, rideau, septum, etc. Ici, à l’instant précédant immédiatement la séparation entre les élus et les damnés, le ḥijâb en question se dresse devant eux comme un « obstacle » saillant qui, dans leur marche, va séparer les deux groupes afin que chacun se dirige vers sa destination : le Paradis d’un côté, l’Enfer de l’autre. Ceci explique que par « entre eux deux, un obstacle » il nous faille entendre un « obstacle » entre les hôtes du Paradis et les hôtes de l’Enfer, v46. L’image donc d’un « obstacle » non encore interposé entre les deux groupes, comme une avancée saillante obligeant ces deux groupes à se diviser, est confirmée par le fait qu’il soit dit à ceux qui vont se diriger vers l’Enfer et au sujet de ceux qui vont aller au Paradis : « sont-ce là ceux dont vous juriez que Dieu ne leur accorderait aucune miséricorde ? », car ce propos suppose que les uns et les autres s’aperçoivent encore mutuellement. Aussi, en déduisons-nous que ne peuvent être retenues les significations proposées pour le terme ḥijâb par l’Exégèse : chemins, murailles, etc. censés séparer le Paradis de l’Enfer, images qui ne se justifient que de par leur conception du Purgatoire et des références approximatives à S36.V66, S37.V23, S57.V13. D’une part, le terme ḥijâb/obstacle ne préfigure pas de sa forme concrète, voire abstraite, alors que les sens de crêtes, sommet de murailles, franges, Limbes donnés pour le pluriel al–a‘râf dépendent tous des aspects que l’exégète a voulu donner auparavant à ce ḥijâb. D’autre part, le terme al–a‘râf n’est pas grammaticalement annexé à celui de ḥijâb, autrement dit il ne s’agit pas des a‘râf des ḥijâb/obstacle. Ces observations littérales permettent donc de retenir pour al–a‘râf, pluriel de ‘urf, le sens général de points élevés, hauteurs, d’où pour ‘alâ al–a‘râf notre très littéral : « sur les hauteurs ». C’est cette position en hauteur qui permet à ceux qui s’y trouvent d’observer la foule et, ainsi, ils « reconnaîtront chacun à leur marque distinctive », vs46 et 48, c.-à-d. la « marque » qui distingue les hôtes du Paradis et la « marque » propre aux hôtes de l’Enfer.
Il nous est alors possible de déterminer qui sont « ceux qui sont sur les hauteurs/aṣḥâb al–a‘râf », v48. Comme il ne s’agit pas d’êtres humains en attente de leur sort définitif, puisque nous avons montré que la notion de purgatoire est ici sans objet, l’on se reporte alors à nouveau à S39.V67-75 dont il ressort que ce sont des Anges qui s’expriment dans le même contexte. Le parallélisme en question est clair et plusieurs segments faisant parler les Anges sont identiques. Par exemple, il est dit au v43 : « Louange à Dieu […] ce Paradis vous a été donné en héritage en raison de ce que vous avez œuvré » et en S39.V74 : « Louange à Dieu qui a accompli pour nous Sa promesse et nous a donné en héritage ce domaine ». Argument plus démonstratif encore, nous lisons au v49 : « ils s’adresseront aux hôtes du Paradis : Que la paix soit avec vous ! » et en S39.V73 ce sont les Anges, gardiens des portes du Paradis qui prononcent effectivement cette même parole : « Que la paix soit avec vous ! » Or, dans le Coran, cette parole de bienvenue adressée à ceux qui vont entrer au Paradis n’est effectivement prononcée dans l’Au-delà que par des Anges, les deux autres occurrences en sont S13.V23-24 et S16.V32. Ainsi, « ceux qui sont sur les hauteurs/aṣḥâb al–a‘râf », v48, sont-ils nécessairement des Anges s’adressant à l’immense foule des jugés juste avant qu’ils ne se dirigent vers leur terme, le Paradis pour les uns et l’Enfer pour les autres. Ce qui posa problème, et qui pourrait ici nous être encore opposé malgré les preuves intratextuelles apportées, c’est que « ceux qui sont/aṣḥâb sur les hauteurs/al–a‘râf » sont qualifiés au v46 de rijâl, pluriel que l’on comprend d’ordinaire comme désignant des êtres humains de sexe mâle. Cependant, dans le Coran, rijâl est aussi employé en S72.V6 pour des Djinns dont on ne peut supposer qu’ils seraient des hommes/rijâl au même titre que nous. Par ailleurs, en arabe, le duel rajulân peut s’appliquer à un couple, qualifiant aussi bien l’homme que la femme. Enfin, et c’est là le point marquant, les Arabes utilisaient le terme rijâl pour dire d’une personne, homme ou femme, qu’elle possède énergie, force, et en l’occurrence dureté et intransigeance. Puisque nous avons largement démontré que l’intratextualité coranique indiquait que ces rijâl/“hommes” étaient des Anges, c’est donc que sont illustrées par l’emploi allégorique et anthropomorphique du terme rijâl les caractéristiques particulières de ces Anges. Ceci justifie donc que nous ayons rendu le pluriel rijâl par « êtres implacables » tout comme il a été dit des Anges qui gardent l’Enfer qu’ils sont « rudes et puissants », S66.V6. Notons que ce sont ces données lexicologiques qui expliquent que Tabari, parmi onze autres hypothèses purement interprétatives, ait mentionné que les rijâl des A‘râf étaient selon ces propres termes des Anges masculins.
Enfin, nous l’avions évoqué, du fait même que l’Exégèse interpréta ce passage de façon à établir un Purgatoire coranique elle ne vit donc là que des intervenants humains. Ceci explique qu’il devient alors difficile de savoir qui réellement prononçait tel ou tel propos dans l’ensemble des dialogues. Voici donc les phrases prêtées aux Anges, ces « êtres implacables » : – « Ils diront [aux futurs damnés] : Où sont ceux que vous invoquiez en dehors de Dieu ? », v37 ; – « Que la paix soit avec vous ! [ô vous qui allez entrer au Paradis] » ; – « eux, [les futurs damnés] ils n’y entreront pas [au Paradis] bien qu’ils le désirent [maintenant] », v46 ; – « [ô vous qui allez entrer en Enfer] Ne vous ont été d’aucun profit vos richesses ni ce dont vous vous enorgueillissiez », v48 ; – « Sont-ce là ceux [ceux-là mêmes qui vont entrer au Paradis] dont vous [qui allez être voués à l’Enfer] juriez que Dieu ne leur accorderait aucune miséricorde ?… », v49 ; – « Entrez, vous autres, au Paradis, nulle crainte pour vous et vous ne serez point attristés ! », v49.
• Conclusion
L’analyse littérale de ce fameux passage de la Sourate 7 aura montré que le concept de Purgatoire est aussi absent du Coran qu’il est présent dans le Hadîth. Le Coran est cohérent, présentant sans relâche la récompense du bien et du mal que les Hommes se seront acquis comme ayant un parallèle tout aussi binaire en l’Au-delà, le Paradis et l’Enfer, il ne pouvait donc affirmer textuellement de l’existence d’un Purgatoire. Ceci confirme que la notion de Purgatoire repose uniquement sur la croyance théologique, centrale en Islam, que tous les musulmans entreront in fine au Paradis. Or, rien de tel dans le Coran qui, à l’inverse, propose une théologie du Salut inclusive : le Paradis appartient à tout croyant, quelle que soit sa religion, cf. Le Salut universel selon le Coran et en Islam. De ce fait, le Paradis sera la récompense due à tous ceux qui auront agi en bien alors que l’Enfer sera le devenir de tous ceux qui auront agi en mal, voir le Paradis selon le Coran et en Islam et l’Enfer selon le Coran et en Islam.
Le message coranique est donc aussi explicite : nul ne pourra bénéficier de passe-droit, de planche de Salut en quelque sorte. L’Ici-bas ne laisse d’autre alternative que de s’efforcer au bel agir ou de céder à nos passions et, conséquemment, l’Au-delà sera à l’image de nos agissements : le Paradis ou l’Enfer. Aussi nous est-il dit : « Craignez un Jour où nulle âme ne rachètera pour une autre la moindre chose, où il ne sera agréé d’elle aucune intercession et que l’on n’acceptera d’elle aucune contrepartie ; ils ne seront point secourus. », S2.V48.
Dr al Ajamî
[1] Cf. Le Paradis selon le Coran et en Islam et L’Enfer selon le Coran et en Islam.